Clisthène, c’est l’un des inventeurs de la démocratie à Athènes au VIe siècle av. J.-C.
Clisthène (vers 570 – 507 av. J.-C.) est un aristocrate et homme politique athénien.
Nous l’avons choisi comme nom de notre projet car, après Solon et Dracon, Clisthène est l’athénien qui a le plus œuvré pour inventer un régime politique nouveau, la démocratie.
La personnalité de Clisthène
Qui était Clisthène ? Un membre d’une des plus illustres familles athéniennes : les Alcméonides ; un petit-fils de tyran, son grand-père Clisthène de Sicyone ayant été dans sa cité l’homologue de Pisistrate. Comment et pourquoi cet aristocrate va-t-il non seulement prendre la tête du parti populaire mais, chose bien plus estimable, s’élever au dessus de toute ambition populiste pour inspirer la première véritable constitution démocratique de l’histoire ? La question reste posée et nous devons nous satisfaire de la formule lapidaire d’Aristote qui résume ainsi son oeuvre et sa vie : « il donna le pouvoir à tout le peuple ». Sans doute la compétition politique et la pression des événements ont-elles joué un rôle aussi important que la vision historique mais il est certain que cet homme cultivé était également inspiré par la philosophie rationnelle de son temps et en particulier par le souci de perfection propre à la pensée de Pythagore. On sait par ailleurs qu’il avait voyagé et étudié la constitution d’autres cités grecques et de quelques unes de leurs colonies. La hardiesse et la radicalité des mesures qu’il va faire prendre à ses concitoyens ont peut-être à voir avec l’esprit pionnier qui préside à la fondation d’une nouvelle cité.
Redéfinition de l’espace et du temps politique
Ni Dracon, ni Solon ni Pisistrate n’avaient osé toucher à la structure clanique qui régissait le fonctionnement politique d’Athènes depuis le VIIIe siècle. Le système des quatre tribus et des douze naucraries servait de cadre à toute l’organisation civile, politique et religieuse. La réforme de Clisthène repose principalement sur un bouleversement complet de cette organisation. Les anciennes structures de base (dème, phratrie, tribu, trittye, naucrarie) ne sont pas abolies mais leur rôle et leur répartition sont redéfinis. L’ensemble est désormais basé sur un système décimal qui n’est pas sans évoquer le projet des révolutionnaires français du XVIIIe siècle. Selon le même principe, un calendrier politique est établi. Il ne remplace pas le calendrier religieux lunaire mais divise l’année politique en dix mois solaires, s’inspirant des découvertes astronomiques récentes faites en Asie Mineure et au Moyen-Orient.
Accroissement du nombre de citoyens
Pour assurer le succès de son redécoupage et rompre définitivement avec l’ancienne organisation de type clanique, Clisthène offre la citoyenneté à de nombreux non-citoyens qu’il répartit dans les nouveaux dèmes et les nouvelles tribus. Plusieurs milliers d’hommes libres mais issus d’unions illégitimes, de métèques, d’étrangers et même d’esclaves sont ainsi naturalisés et deviennent membres de plein droit de l’Ecclesia dans laquelle on peut penser qu’ils constituent un des plus fermes soutiens du régime démocratique naissant.
Un tétradrachme, pièce athénienne du Ve s. av. J.-C.
Le gouvernement de la cité
En l’espace de cinq ans, tout le pouvoir politique est transféré à l’assemblé des citoyens, l’Ecclesia. On aménage spécialement la colline de la Pnyx sur laquelle les citoyens ont le droit et le devoir de se rendre, quatre fois par mois, pour débattre et gouverner directement la cité, selon la règle de la majorité simple et par votes individuels à main levée. L’Héliée retrouve tous les pouvoirs que la réforme de Solon lui avait conférés. Les magistrats sont tirés au sort. On crée aussi un nouveau collège appelé « stratégie », composé de dix membres élus par l’Assemblée. Clisthène modifie en outre la composition et le fonctionnement de la Boulê, qui devient un « Conseil » de 500 membres tirés au sort, siégeant au Bouleuterion et assurant pendant un an le fonctionnement de l’exécutif. Le conseil de l’Aréopage perd ainsi toutes ses fonctions politiques et la plupart de ses prérogatives judiciaires.
Clisthène a-t-il inventé la démocratie ?
Le nouveau régime ne s’appelle pas encore démocratie mais le pouvoir du demos (des citoyens) est total, appuyé sur les principes d’iségorie (égalité de parole), d’isonomie (égalité de partage du pouvoir du peuple) et d’isogonie (égalité de naissance). Les classes censitaires ne sont pas abolies mais la prééminence de la loi écrite et l’égalité de jugement sont solennellement réaffirmées. Sur la Pnyx, dans l’Héliée ou le Bouleuterion, toutes les voix sont égales. Le peuple souverain jouit donc de droits dont il n’avait jamais disposé jusqu’alors. Il se retrouve aussi face à ses devoirs. C’est à lui désormais de faire face à ses responsabilités de gouvernant, et de donner une partie de son temps à la collectivité. Il est aussi le seul gardien de la constitution et le garant de son pouvoir et de sa liberté.
Ce bref historique est très largement inspiré de la page consacrée à Clisthène sur Educnet, le site spécialisé TICE du Ministère de l’Éducation Nationale.